Il faut s’imaginer que la mer était là. Plus de dix mètres d’eau recouvraient les vastes étendues de la mer d’Aral, entre le Kazakhstan au nord et l’Ouzbékistan au sud. Dans une ancienne petite ville portuaire, un ancien pêcheur de 85 ans se souvient de la mer d’Aral : «Il n’y a pas un endroit où je n’ai pas été sur cette mer», assure-t-il, photos à l’appui.
90% de volume perdu en 60 ans
Dans les années 1950, les filets de pêche de la mer d’Aral remontaient 40 000 tonnes de poissons en une saison. La mer d’Aral n’est alimentée que par deux fleuves : côté Ouzbékistan, l’eau vient des glaciers du Pamir. L’Amou-Daria serpente dans toute l’Asie centrale avant d’arriver jusqu’à la mer d’Aral.
À partir des années 1960, ces eaux ont été détournées par les Soviétiques pour alimenter la culture du coton. Aujourd’hui encore, toute la croissance économique dépend de cette eau. En soixante ans, la mer d’Aral a perdu 90% de son volume.
Un trésor de crustacé
Pour voir ce qu’il en reste il faut rouler longtemps sur l’ancien fond marin, loin du port, loin de toute habitation. Depuis le ciel, on voit les traces laissées par le sel au fil de son rétrécissement. Abladin Musavev, biologiste marin, a commencé sa carrière sur la Mer d’Aral dans les années 90. Il y avait alors encore une dizaine d’espèces vivantes dont 3 types de poissons Mais le taux de sel élimine peu à peu toute forme de vie. Bientot l’eau sera trop salée pour la seule espèce qui a réussit à survivre ici. Un minuscule crustacé appelé Artemie qui produit des oeufs. Cette fine poudre marron constitue une excellente nourriture pour l’aquaculture. Son prix : entre 50 et 200 euros le kilo.
La saison n’a pas encore débuté mais en surplomb de la mer des gardiens veillent pour protéger des braconniers la future récolte . Pour préserver cette ultime activité économique, certains rêvent d’un canal qui amènerait un tout petit peu d’eau dans l’Aral. D’autres veulent cultiver l’Artemie. Dans des bassins, en utilisant, les terres salées dont on ne sait plus quoi faire ici.
La lutte contre le sel
Car dans la region de l’Aral, une fine couche de sel recouvre des hectares de terres, là ou la mer s’est retirée. Un sel qui stérilise les sols et par jour de vent s’envole parfois trés loin. Le 27 mai 2018, une tempète historique a choqué tout le pays. Zinovy Novitsky a alors été désigné pour accélerer un programme de plantations sur l’ancien lit de la mer. Objectif: fixer les sols. Des rangées d’abustres plantées ou semés sur prés de 2 millions d’hectares. Un traail titanesque et parfois ingrat, mais ce jour-là, il decouvre avec nous qq timides pousses dans une zone jusqu’alors restée sterile :«C’est un début, dit-il, après le vent va souffler et les graines vont se semer naturellement» . Sa fierté, ce sont ces grands saksaouls, la plante phare du programme de plantation Un arbuste sec. Certains dépassent déjà la taille d’un homme. il ont été plantés il y a 6 ans.«Un arbre comme celui là accumule a son pied jusqu’à une tonne de sable et il le retient, explique-t-il. C’est autant qui ne va pas s’envoler dans l’air». Zinovy Novitsky imagine des prairies colonisant. petit a petit l’ancien fond marin.
A la végétalisation, à l’aquaculture, s’ajoute aussi maintenant l’exploration gaziere.L’Ouzbékistan a tourné la page de la Grande Aral. Le pays s’emploie maintenant à protéger les lacs environnants.Là ou s’arrêtent maintenant les oiseaux migrateurs.